Planches 22
Au début de l’année, l’équipe de la revue Planches m’a contactée pour réaliser la couverture de leur numéro 22.
C’était en janvier. Quand elles m’ont dit que le numéro paraîtrait en août, j’ai tout de suite pensé aux soirées caniculaires de Montréal. Une bouffée de nostalgie m’a traversée : j’habitais alors un typique rez-de-chaussée sur le Plateau. L’été était lent, langoureux. On vivait dehors, on se promenait à vélo d’un appartement à l’autre, le cœur léger. La peau collante de fin de journée avait quelque chose d’euphorisant.
J’ai eu envie de figer cette sensation complexe, moite, douce, un peu suspendue, dans une seule image. Et comme je venais de terminer Suivra le néant, je sortais d’une phase où je dessinais beaucoup d’ombres portées, très marquées.
Aujourd’hui, revoir cette illustration plus de six mois plus tard me fait un drôle d’effet. Je me souviens très bien de l’avoir finalisée alors que j’étais à Angoulême. À cette étape, j’étais un peu égarée dans mes intentions, encore habitée par l’exposition de Posy Simmonds que je venais de visiter. J’ai tenté plusieurs versions, influencées par son style, dans l’espoir de lui rendre hommage… sans vraiment y parvenir. J’ai erré un peu, avant de revenir à un trait qui me ressemble davantage.
J’avais aussi proposé à l’équipe de Planches une autre esquisse. Celle-ci m’avait été inspirée par les compositions des toiles d’Edward Hopper. J’y rejouais une scène vécue chez moi, à une époque où la grande fenêtre de notre loft donnait sur des entrepôts en cours de transformation. Depuis notre salon, on pouvait observer les allées et venues de travailleurs dans ces bureaux en devenir. Deux mondes très différents se côtoyaient là, presque voyeurs l’un de l’autre. Cette tension silencieuse me faisait sourire.
L’esquisse n’a pas été retenue, mais peut-être que je la reprendrai un jour, juste pour le plaisir. Ou si un projet m’offre un prétexte pour la faire vivre.
Il y a une soirée de lancement prévue pour ce numéro 22. SI vous êtes à Montréal, c’est un rendez-vous le jeudi 7 juillet au Cheval Blanc, 809 rue Ontario Est, à partir de 18 h. On parlera de BD, de l’été qui passe trop vite et de plein d’autres sujets de grande profondeur philosophique.
Les deux esquisses proposées