En résidence…?

Heille.

Une entrée de journal, un 24 décembre à 1 h du matin.

Ça fait des mois que j’ai envie de revenir écrire ici. Le temps me manque. Vraiment. Mais dans un mois, presque jour pour jour, je pars en résidence artistique à Angoulême, Bilbao et Québec. Trois mois. Et là, l’idée d’un journal s’impose sérieusement.

J’ai longtemps pensé que je ne reviendrais jamais à l’auto-fiction. C’était réglé. Et pourtant, plus j’avance dans mon projet actuel, plus je vois apparaître un potentiel super méta : plusieurs niveaux de récits qui se répondent, se contaminent, se contredisent. Qu’on ne sache plus très bien ce qui est vécu et ce qui est inventé.

Et honnêtement, ma vie, en ce moment, ça fait déjà une bonne histoire à raconter.

Je pars à Angoulême alors que le festival de bande dessinée est en grande partie annulé à la suite d’une dénonciation d’agression sexuelle mal gérée. Je travaille sur une fiction autour du désir féminin et du male gaze. Je sors d’une rupture avec le père de mon garçon après presque vingt ans de vie de couple. J’ai 40 ans. Je suis mère célibataire. Et je m’en vais faire de la bande dessinée loin de chez moi pendant trois mois.

Si ça, c’est pas de la matière narrative…

Alors pourquoi ne pas raconter ce que moi, Mireille, je traverse pendant que je construis ma prochaine bande dessinée? Voir comment les expériences, les rencontres, les lectures, les discussions, viennent influencer (ou non) ce que j’ai envie de raconter et la façon dont je le fais.

En ce moment, je développe une série de strips qui racontent des journées charnières des six derniers mois. Des fragments. Toujours en lien avec la résidence à venir. Un compte à rebours avant le départ? Ou bien juste un test : voir si je peux tenir une forme dans le temps sans m’épuiser.

Ces strips trouveront peut-être leur place dans un prochain livre. Ou pas. Mais ils m’aident déjà à chercher le ton juste pour ce niveau de récit presque directement prélevé dans ma vie.

Et en me mettant moi-même en scène, je fais aussi de la place à celles et ceux qui m’entourent. Les gens qui m’ont façonnée, déplacée, soutenue, alors que j’ai perdu presque tous mes repères cette année. J’ai envie que ce soit, aussi, un hommage discret à ces présences lumineuses et complexes qui m’accompagnent.

Alors… C’est parti?

Précédent
Précédent

FRAGMENTS — Entrée 01 — 20 juin 2025

Suivant
Suivant

La femme qui regarde l’homme qui regarde la femme